
L'Hirondelle du Danois de Laurence-Emmanuelle CHUINE
Dans son dernier ouvrage, Gilgamesh, le Sumérien, Toufik Abou Haydar retrace librement le règne controversé du roi d’Ourouk, premier héros légendaire immortalisé par l’écriture sur un support matériel. Le romancier et poète franco-libanais s’appuie sur de nombreux poèmes issus de la mythologie mésopotamienne, considérés comme les plus anciens textes littéraires connus depuis l’invention de l’écriture. La plupart de ces témoignages remontent à la fin du IIIe millénaire avant notre ère.
C’est toutefois dans la version akkadienne de L’Épopée de Gilgamesh, le tout premier poème épique connu, que Toufik Abou Haydar puise principalement sa trame narrative. Rédigée vers 1200 av. J.-C. par le prêtre et scribe sumérien Sîn-leqi-unninni, cette épopée compte environ 3000 vers, organisés selon un mètre spécifique et répartis sur douze tablettes d’argile, chacune divisée en six colonnes : trois au recto et trois au verso. Le texte est écrit en cunéiforme, la plus ancienne forme d’écriture attestée, composée de signes en forme de coins ou de clous pressés dans l’argile.
Gilgamesh, le Sumérien réunit quinze chefs-d’œuvre de grands maîtres de l’art moderne, dans un dialogue paradoxal entre passé et présent. Du symbolisme mystique de Hilma af Klint à la modernité fragmentée d’Albert Gleizes, en passant par la douceur expressionniste de Christian Rohlfs ou la puissance introspective d’Edvard Munch, chaque toile explore une facette du monde intérieur ou du paysage environnant. On y croise des silhouettes féminines (chez Mikuláš Galanda ou Robert Delaunay), des scènes intimes (comme celle de Rohlfs), des visions abstraites chargées de spiritualité (chez Arthur Dove ou Émile-Allain Séguy), et des paysages lumineux ou oniriques (Ján Novák, Gustav Wunderwald, Fritz Schaefler).
Laurence-Emmanuelle CHUINE